lundi 27 juillet 2009

Interview Patrice Quarteron


C'est le nouveau phénomène du pied-poing français et certainement la plus grande gueule du milieu, toujours sujet à polémiques. On l'aime ou on le déteste, mais il ne laisse pas indifférent. Nous avons donc cherché à savoir plus sur la nouvelle recrue du K-1 et qui mieux que Quarteron pouvait nous dresser le portrait de Quarteron ? Attention, c'est du lourd...

« Petit, j’étais un bagarreur fini, mais il y a eu ensuite la période de l’adolescence… Quand tu rentres au collège, toi t’as 11 ans, l’âge normal pour aller en sixième, mais il y en a qui ont déjà 14, 15 ans, de la barbe et tout le reste, et je suis alors devenu une "victime". Vers 14 ans, j’en ai eu marre. J’ai vu dans un magazine un maître asiatique qui donnait des cours de boxe birmane. C’était à l’époque où ils ont sorti "Kick Boxeur", le film de Van Damme. Parfait pour moi ! Dès que j’ai eu un petit niveau, tout le monde me craignait. Moi ça me suffisait, je m’entraînais deux fois par semaine, je ne me prenais plus la tête. Mais je me disais toujours, en voyant les boxeurs pros, que je pouvais faire comme eux. Un jour, j’ai vu Le Banner frapper aux paos à la télé et je me suis dit, "mais je frappe plus fort que lui !" Je n’avais même pas 18 ans. Donc ça me prenait la tête mais je n’osais pas, parce que j’avais une autre vie, je n’avais pas le temps. Un jour, un pote me parle d’une nouvelle salle à Ivry où ils cherchent des mecs pour faire du free fight. Il me dit, "ils connaissent du monde, tu vas pouvoir faire ci, faire ça." Donc moi, qu’est-ce que je fais ? Je me lance dans le free fight. Je savais boxer, j’avais fais un petit peu de lutte… Mais ça n’a débouché sur rien. C’était la galère. Et puis, j’avais apparemment plus d’aptitude pour le muay thaï donc finalement, j’ai décidé de me lancer là-dedans. Mais comme un idiot, au lieu de faire un combat amateur pour me tester, je vais directement boxer chez les pros. En plus je fais mon premier combat dans mon quartier, là où j’étais une légende. Pour tout le monde, Patrice c’était le mec qui t’endors d’une droite. Je n’avais jamais boxé de ma vie mais étant le "petit champion" de mon quartier, j’étais persuadé que j’étais l’homme le plus fort du monde… sauf que personne ne le savait. Un mois avant le combat, je rencontre Cyrille Diabaté. On me conseille d’aller m’entraîner avec lui, j’y vais… et je prends une rouste ! Je ressors et je me dis, "putain, c’est ça la boxe !"

J’étais dégoûté. J’appelle ma femme et je lui dit, "Alexandra, je vais me faire tuer !". Mais c’était trop tard, y’avait déjà ma tête sur l’affiche. Donc j’y vais, avec à peine un mois d’entraînement, et je rentre dans une bagarre de folie. Après le premier round, j’ai dit à mon entraîneur que ça allait, mais en réalité, j’étais mort-vivant. Je ne voyais plus rien, je ne respirais plus… Quand je me suis relevé pour le second round, je me suis dit, "là, c’est la fin". Et là, je prends un KO dramatique. J’ai vu tous mes ennemis dans la salle rigoler. Ma vie était foutue. J’étais passé de l’homme le plus fort du monde à la reine des baltringues. Ma légende était anéantie.

L’histoire, elle m’est arrivée au mois de mai et au mois de juin, tout le monde partait en vacances jusqu’à septembre. Il ne restait plus que moi, ma défaite et tout le quartier qui rigole. Il fallait que je lave l’affront et je n’avais pas trois mois à attendre. Donc je m’entraînais tout seul, je missionnais pour trouver des salles et je n’avais personne pour m’apprendre les techniques. Puis on m’appelle pour un championnat d’Europe amateur de boxe thaï. Je me dis qu’il ne pourra rien m’arriver de pire, en plus c’est loin, donc j’y vais. Par miracle je gagne mes deux combats et je deviens champion d’Europe. Je me dis, "ça y est, je suis prêt pour le kick boxing". J’étais dans l’euphorie, mais je n’avais pas le niveau. Mis à part mes genoux je ne savais rien faire, j’avais pas de garde, j’avais rien…

Je vais au Portugal, pour affronter un mec soi-disant de mon niveau et je prends des putains de crochets dans la tête, j’ai cru qu’il allait me décapiter. A la fin du premier round, j’ai mal. Je me dis, "bon, on est pas en France, personne m’a vu, je me couche par terre" (rires). J’ai fait style d’abandonner. Mais je ne me suis pas rendu compte qu’il y avait des écrans géants qui filmaient ma gueule en train de faire semblant, et tout le monde m’a vu. Les gens m’ont hué. Je suis sorti sors du ring, j’ai même pas attendu pas le verdict, et je suis parti me cacher vers les sorties de secours. J’ai attendu qu’il n’y ait plus personne dans la salle avant de sortir. Je ne voulais même pas la bourse, je voulais rien. J’étais prostré dans un coin. Je me voyais comme une victime. En rentrant en France et je vois dans la presse "Humberto Evora, phénomène de punch ! Il a mis KO un tel, un tel…" Je me dis, "merde, mais c’est pas un amateur ! Je suis encore tombé dans un guet-apens". Et personne ne me croit. Là, ma carrière elle est vraiment foutue.

A cette époque je m’entraînais encore à la BTT, avec Jean-Marie Merchet. Lui me trouve enfin un combat à mon niveau. Un jour, il m’appelle et me dit, "Patrice, j’ai un combat pour toi en Belgique dans deux jours". Je lui dis d’accord. Le promoteur était aux anges quand je lui ai dit que je n’avais que deux combats de kick à mon actif, deux défaites par KO… Je commençais à être connu comme victime (rires). Mais j’en avais marre de me faire défoncer et quand j’ai eu le mec en face de moi, je lui ai mis un de ces coups de pompe dans la tête ! Il est parti du ring en courant, véridique. Et moi je me suis retrouvé avec la ceinture de champion de Belgique. Parce que personne ne m’avait dit que ce mec là était champion et que personne ne voulait l’affronter. J’étais trop content, jusqu’au moment où ils m’ont repris la ceinture parce que je n’étais pas belge. En rentrant, un agent me demande si je veux faire de la boxe française. Je lui demande quelles sont les règles, il me dit, "c’est avec des chaussures, t’inquiètes, tu vas gagner". Je lui dis OK, j’achète une paire de chaussures, je m’entraîne une semaine pour apprendre les fouettées et je pars en Guadeloupe pour le tournoi. Je remporte mes deux combats par KO, mais je laisse au passage mon cœur sur le ring. C’est là-bas que j’ai rencontré Alain Zankifo. Je suis parti chez lui pour apprendre la boxe française, au final, j’ai réappris ce qu’était la boxe thaï. Après un mois d’entraînement chez lui, je me faisais peur. Là je reçois une offre pour combattre au K-1 Hongrie…

"Ouah, le K-1 !" Moi, je ne connaissais pas toutes leurs galères, leurs K-1 Bratislava, leurs faux K-1… Je me disais, "ça y est, au moins j’aurais fait une carrière". J’arrive par miracle en finale du tournoi et je me fais éclater. En rentrant chez moi, je regarde la vidéo du combat et je vois le mec était en vrac. C’était de la folie. Je ne m’étais pas rendu compte que j’ai failli gagner, qu’il était au bord du KO. Mais au lieu de gérer, de travailler, j’ai tout donné comme un zouave. Là, Alain m’a dit, "Patrice, tu me refais encore un truc comme ça et je ne t’entraîne plus". Ca a été un déclic. Dès lors, j’ai su que j’avais vraiment les moyens d’y arriver et je n’allais pas tout gâcher en faisant le con. J’ai alors commencé à enchaîner les victoires, Guidon, Sergi Gur, Bococci, Gallonier, Balrack... Et là, je vois qu’en France ça commence à m’esquiver grave. Plus personne ne veut me boxer. Avec mon ami Foued, on a essayé de faire venir tout le monde au Fight Zone… Ils ont tous refusé. A Bercy, j’étais censé affronter Cheick, puis un tel et un tel… ils se sont tous désistés. C’est la raison pour la quelle j’ai pris le micro après mon combat… Les gens m’en ont voulu, mais je ne faisais que dire la vérité ! Et le soir même, tandis que eux vomissaient dans leur coin, "comment il peut dire tout ça !", on me proposait de partir en Turquie pour le A-1. Pour moi, la Turquie c’était "Midnight Express", les moustachus armés jusqu’aux dents… C’était chaud. Je ne connaissais pas et j’étais en panique. A cause de la télé ! Ils véhiculent des images de ces pays, t’as l’impression que tu ne vas jamais en revenir. Il me dit qu’il y a un putain de tournoi et comme j’ai faim, je l’appelle le dimanche et je lui dis OK. J’étais censé y rester une semaine, finalement j’ai gagné le tournoi et je suis resté un mois. J’ai ramené ma femme, mon entraîneur… Là-bas, j’ai compris ce que c’était que la célébrité. Je suis passé à la télé nationale, j’ai boxé devant des dizaines de milliers de spectateurs, j’ai séjourné dans des palaces de rêve… Quand je suis rentré chez moi à Grigny, les turcs du quartier me demandaient même des autographes.


Après ça, quand on me proposait une soirée Formule 1 en France avec départ le lendemain matin à 6 heures du mat’, tu comprends que je n’étais plus motivé. J’ai donc arrêté de me prostituer et j’ai refusé toutes les offres où les primes ne valaient pas le coup. Je m’en foutais, je combattais quand même en Turquie. Mais on a essayé de me discréditer dans la presse. On ne parlait pas de mes victoires (excepté dans FightSport), on prétendait que je fuyais les combats… Mais le seul juge auquel je me fie, c’est le public. Le public, si t’es pourri il ne vient pas. A chaque fois que j’ai combattu au Fight Zone, la salle était archi blindée, alors qu’il n’y avait aucune promotion de l’événement dans les magazines spécialisés. Peu après mon combat en Jamaïque en juin 2008, je me suis blessé à l’entraînement. N’ayant aucun combat de prévu, j’en ai profité pour me soigner. Malheureusement, c’est à ce moment là que toutes les baltringues sont tous sorties de leur trou. "Quarteron il fait l’autruche, Quarteron il est pas beau, Quarteron gnagnagna..." C’est ce qui m’a inspiré pour ma dernière vidéo, celle ou j’ai la chiasse. Pendant ma convalescence, j’ai commencé à avoir des contacts intéressants. J’apprends que le K-1 s’intéresse à moi. Mais je n’ai rien dit, j’ai attendu patiemment que la chose se concrétise. J’avais prévu d’affronter Paul Slowinski en juin, mais finalement, je vais prendre l’avion pour aller au Japon en août, affronter Glaube Feitosa au K-1. Je vais bien sûr tout faire pour le battre et venger mon "petit frère" Cheick Kongo, à qui il avait mis sa jambe volante dans la tête à Bercy. Si c’est bel et bien lui que j’affronte, je te promets, Cheick, que je vais te venger. »

J'adore ce mec parce qu'il est franc , brut de décoffrage et qu'il calcule rien . Il fonce et met ses tripes sur le ring . On a pas fini d'en entendre parler !!

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